Glace by Pier Davi

Auteur:Pier Davi [Davi, Pier]
La langue: fra
Format: epub
Tags: Fantastique, Horreur
Éditeur: 5 Sens Éditions
Publié: 2018-07-05T21:00:00+00:00

C

ÀL’EXTÉRIEUR, la blanchâtre poudre s’est remise à se répandre sur ce qui ceinture les environs. La décapante averse s’accompagne cette fois-ci d’un large rideau de smog à la teinte tirant toujours sur le grisé. Les environs, recouverts de glace suite à l’arrivée du quatuor, font à présent place à une nappe de coton durcie. Malgré ce soudain changement de décor, le froid, dans sa plus grande violence, endigue sans aucune relâche de l’atmosphère.

Il demeure incontestablement, le maître des lieux !

Plus haut, au sommet de l’une des rues juxtaposant la fabrique de lits du dernier repos, et presque effacé par la purée de pois, il y a activité.

Ça grouille.

Des ombres viennent tout juste de franchir le coin d’un bâtiment adjacent. Au nombre de cinq, elles gardent, telle une armada d’oiseaux migrateurs, une formation en « V ». Plus elles approchent, plus chaque sillon de leur masse se précise.

Élancées et en hauteur, elles ne portent comme seul habit que l’épaisseur de leur chair. Dépourvue de toute pilosité et tirant sur un blanc qui sort tout droit d’un clair de lune, celle-ci est lézardée par de luminescentes stries bleutées. Leur charpente s’étale telle la surface d’un lac lors des fontes printanières.

Les figures ne laissent voir que de grands globes d’encre qui, à l’interne, s’activent. Comme si ici, on mixait le mélange du marqueur. Bouche et naseau y sont manquants ‒ respirer paraît futile ‒ alors que les canaux auditifs apparaissent comme de subtiles petites crevasses.

Les corps fantomatiques sont en mode prospection. C’est d’autant plus vrai qu’ils ne cessent de balancer de gauche à droite leur tête de macchab. Chaque flanc de la rue est scruté à la loupe. Ils cheminent ainsi, doucement, sur la voie enduite de la dominatrice substance blanche. Ils le font en direction du bloc confectionné de poutrelles, de briques et de feuilles d’acier. Là où, justement, se planque le quatuor ainsi que leur hôte.

Étonnamment, les spectres donnent l’impression de le faire sur le dos de l’inoccupé. De carrément léviter. Il y a bien action des membres inférieurs, toutefois, aucun crissement de pas venant embrasser le sol ne s’échappe. Ils voltigent ainsi, dévorant peu à peu la distance qui les sépare de la cache du groupe.

À quelques mètres, ils s’immobilisent.

Nulle mobilité n’est à présent perceptible.

Comme si pour eux, le temps avait cessé de battre. Seule l’atmosphère poursuit sa danse. Une chorégraphie dont le rythme a pris de l’ampleur. Le vent est devenu particulièrement irascible. La neige s’est métamorphosée en minuscules balles de glace. Le quartier des anges, s’il en est encore ainsi, donne l’apparence d’être un gros pot-au-feu dans lequel on ferait valser une louche. Les nuages tourbillonnent et se mettent à rouler à grande vitesse.

Puis…

D’un lent déplacement, les spectres meuvent leurs boîtes crâniennes du côté de la bâtisse. Leurs yeux, où miroitaient au départ les ténèbres, s’activent. Ils reprennent vie, donnant l’air d’avoir repéré le but de leur visite. Non pas ce qui se trouve sur le mur dénué de toute couleur, mais bien au-delà.

Ce qui est à l’intérieur.

De même cadence, les

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